Galeriste - Le Portrait


La Galerie W Landau porte son W grâce à la visite de Marc Dachy, historien de l'art spécialiste de Dada, qui avec une lame de rasoir a tracé la lettre W sur le blanc d'Espagne de la vitrine de la Galerie rue Burq, hommage à Kurt Schwitters et son poème éponyme. Un an plus tard, Eric Landau s'installe au rez-de-chaussée de la Baguette de Bois, célèbre encadreur parisien rue Lepic. Il acquiert par la suite les 600 m2  de ces locaux historiques. Il s'agit de la période montmartroise de la Galerie W. Aujourd'hui il évolue rue du Grenier Saint-Lazare, dans les murs mythiques d'Yvon Lambert, et au 212 rue Saint-Martin. 

Eric Landau se remémore souvent sa jeunesse passée chez son arrière-grand-oncle Nicolas Landau, « le Prince des antiquaires », qui officiait en appartement rue du Cirque. Il lui ouvrait les vitrines, lui faisant découvrir la Haute époque et ses trésors : « Souviens-toi que chacun de ces objets a été un jour contemporain » disait-il. 

C'est lors de ces visites régulières que le goût pour l'art et les artistes se forme chez Eric Landau. Il y eut aussi les visites chez Nathalie de Noailles à l'Ermitage Pompadour de Fontainebleau, qui forgeront son regard sur les œuvres, leurs accrochages et l'esprit de la collection. Il passe fréquemment ses week-ends chez Marcel Duchamp, avec Teeny sa veuve, et flâne à Saint-Germain-des-Près avec Juliette Man Ray.

Il y eut surtout la rencontre à l'âge de dix-sept ans avec Raymond Hains. Ils ne se quitteront jamais. Ensemble, ils pratiquent ce langage « hainsien », parlent de Venise, de Fumaroli...

De passage à New York pour quinze jours à la rencontre d'un ami américain connu dans le train Paris-Venise, il y restera finalement deux ans. Il s'installe dans le Lower East Side, sur B and 10th Street (Alphabet City). C'est le temps de la bohême des années 80. Il gère le soir un club d'échecs à Tompkins Street sur les traces de Marcel Duchamp. Il croise tous les jours Keith Haring et Jean-Michel Basquiat.

A son retour à Paris, il est engagé librement par Blaise Gautier, directeur de la Revue Parlée au Centre Pompidou. Il y croise Pontus Hultén et collabore avec Yasha David pour organiser le couloir érotique de Takis lors de l'exposition « Le siècle de Kafka » en 1984. C'est là qu'il rencontre Alexandre Iolas dans les corridors et se lie d'amitié avec Brion Gysin qui lui raconte la Beat Generation, Marrakech, William S. Burroughs...

Aujourd'hui peintres, photographes, vidéastes cohabitent dans les deux espaces de la Galerie W. Si le 212 rue Saint-Martin fait la part belle aux artistes émergents, le 5 rue du Grenier Saint-Lazare permet aux artistes affirmés d'exposer leurs derniers travaux. Tout ce qui peut bousculer les habitudes, aux confins de l'art contemporain, retient l'attention d'Eric Landau et de ses collaborateurs.
Ensemble, avec les artistes d'aujourd'hui et de demain, ils inventent le jour d'après dans ses murs et ailleurs.

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