Biographie Mathieu Simonet

Mathieu Simonet est un écrivain et artiste français. L’autobiographie collective est au cœur de ses dispositifs artistiques, qui requièrent l’intervention de participants dont la créativité s’exprime dans le cadre d’instructions préalablement données par l’artiste. 

Mathieu Simonet commence à tenir quotidiennement un journal dès son plus jeune âge, encouragé par son père, qui consacre ses ressources sensibles et sa ferveur à l’édification de ce qu’il voudrait être une œuvre littéraire. Cette dévotion à la littérature sera brusquement mise à mal par l’apparition d’une maladie psychique qui, en heurtant ses perceptions et désarticulant sa pensée, l’amènera à bousculer la sémantique et la syntaxe jusqu’à la destruction du sens, au profit de la fondation d’une langue nouvelle, poétique et libérée des croyances communément partagées. 

Si l’acte d’écrire s’inscrit d’abord dans un processus d’identification à son père, la maladie psychique, en entravant la communication entre les deux hommes, prendra bientôt la forme d’une nécessité de projeter hors de soi ce qui aurait le potentiel de faire plonger dans la torpeur d’une néantisation. 

Si l’écriture permet à Mathieu Simonet de se distancier d’un réel soumis à des forces défigurantes, il découvre très vite que l’une de ses puissances primordiales est de permettre la communication avec l’autre. Dès lors, elle lui servira à se rapprocher de l’autre, dans ce qu’il est au-delà, et en-deçà de ses dehors en tant qu’expressions de son être régulier. 

Cette volonté d’explorer l’altérité va amener l’écrivain à livrer son existence dans des textes, afin de se délivrer à autrui. 

Il demandera ensuite à des hommes et des femmes de plonger au-dedans d’eux-mêmes, dans les profondeurs de leur intimité, et d’en revenir avec des textes dont il aura au préalablement déterminé le sujet. 

Il a une vingtaine d’années lorsqu’il commence à organiser des sessions de jeux d’écriture et de théâtre. Il propose à des hommes et des femmes d’être les personnages consentants dont pourront librement s’inspirer des personnes désireuses d’écrire. Les personnages et les scripteurs ont pour instruction de se rencontrer une fois pendant la semaine. A la fin de la semaine, un événement est organisé à l’occasion duquel deux comédiens sont chargés de se livrer à une improvisation sur ce texte, avant qu’il ne soit lu par un lecteur. 

Le directeur d’une radio participe un jour à l’une de ses sessions. Séduit, il propose à Mathieu Simonet d’animer une émission radiophonique inspirée des jeux d’écriture et de théâtre. Pendant trois années, Mathieu Simonet invitera chaque semaine un artiste à qui il demandera d’apporter une photo de son choix, qui servira de support à l’improvisation d’un comédien. 

Du 20 octobre 2004 au 17 mars 2006, Mathieu Simonet collabore avec le photographe Cyrille Benhamou à un projet artistique intitulé Le Métrographe. Les deux hommes parcoureront toutes les lignes du métro assis côté à côte dans une rame, Cyrille Benhamou ayant pour instruction de photographier et Mathieu Simonet d’écrire tout ce que cette promenade sans fin leur dictera de conserver. 

En 2004, Mathieu Simonet décide de se séparer de la centaine de carnets dans lesquels il a écrit son journal intime. Il se livre dans un premier temps à une relecture de l’ensemble de son journal tout en y prélevant des phrases, reliques de son enfance et de son adolescence. Puis il décide de confier les carnets à des tiers qui, en échange de la remise d’un carnet et de la possibilité parfois de prendre connaissance de leur contenu, auront la responsabilité de leur métamorphose. Des carnets deviendront sculpture, chanson, robe, photographie, etc. Il fera le récit de ces métamorphoses dans le récit intitulé Les Carnets Blancs, publié aux éditions du Seuil en 2010. 

En 2007, Mathieu Simonet décide de poser une série de questions à son père et à sa mère, séparés lorsqu’il avait l’âge de 7 ans. Ces questions, tantôt intimes, tantôt décalées (Te souviens-tu de la première fois où vous avez fait l’amour ? - Comment vous êtes-vous rencontrés ? - Te souviens tu du jour de ta naissance - Raconte moi un souvenir d’enfance qui t’a marqué – Sainte Anne ? - Le métro ? - Que penses-tu de mon écriture ?), donnent lieu à des réponses qu’il consigne dans leur intégralité. Ce projet, intitulé La Conversation, restera inachevé suite à la mort de sa mère, en 2009, mais certaines des réponses données seront dispersées dans Les Carnets Blancs et un récit postérieur intitulé La Maternité (éd. du Seuil, 2012). 

Au milieu des années 2000, Mathieu Simonet tient un blog sur lequel il propose chaque semaine des sujets d’écriture à ses lecteurs. Ceux-là participent en postant leurs textes, parfois anonymement. 

En 2011, Le Magazine littéraire propose à Mathieu Simonet d’organiser un événement au Palais de Tokyo. L’artiste envoie un email à une centaine de personnes afin de les inviter à rencontrer un inconnu lors de l’exposition Intense Proximité. Les couples, constitués de façon aléatoire, ont pour instruction de parcourir l’exposition main dans la main puis de faire le récit de leurs impressions respectives. 

En 2009, la mère de l’artiste, atteinte d’un cancer, est hospitalisée dans une unité de soins palliatifs. Dans un récit intitulé La Maternité (éditions du Seuil, 2012), Mathieu Simonet fait le récit des 15 derniers jours ayant précédés la mort de sa mère. Pendant cette période, Mathieu Simonet interroge des professionnels de la santé, de la fin de vie et de la mort ainsi que des artistes sur leur rapport à la mort. Il consigne leurs réponses, qu’il a dispersera ensuite dans ce texte. 

En 2013, Mathieu Simonet a carte blanche pour organiser un événement au Salon du Livre de Provins. Il choisit le thème de l’autobiographie collective et propose à des lycéens d’écrire une lettre à Marc Beltra, un garçon disparu en Amazonie. Les enfants seront ensuite enregistrés pendant qu’ils lisent leurs textes respectifs par Sébastien Laugénie et photographiés par Stéphane Lavoué. Ces photographies seront présentées lors du salon et un fond sonore sera réalisé grâce aux enregistrements des lectures. 

En 2014, en partenariat avec l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris, il propose à 1000 patients d’écrire des textes sur leur adolescence dans des carnets similaires à ceux utilisés par l’écrivain pour l’écriture de son journal intime, et dont la dispersion a été décrite dans Les Carnets Blancs.

En 2015, il est accueilli en résidence en Seine-Saint-Denis où il demande aux habitants de lui raconter les rêves qu'ils font pendant la nuit.

En 2016, son prochain livre, Barbe rose sera publié aux éditions du Seuil.

C.P.
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